Alerte précoce et réponse aux épidémies de maladies hydriques sensibles aux changements climatiques au Bénin (Benin Health)
Introduction
Le changement climatique pose au Bénin de formidables défis. L’élévation du niveau de la mer et l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes affecteront des communautés importantes et vulnérables sur la côte, autour et sur le lac Nokoué, ainsi qu’à Cotonou où un marché local se trouve le long du canal qui sépare le lac de l’océan Atlantique. L’augmentation des inondations, le ruissellement des eaux de pluie, la salinisation du lac et d’autres changements dans le système hydrique exacerberont les facteurs de risque existants pour les épidémies de maladies transmissibles d’origine hydrique telles que la diarrhée et le choléra. Les facteurs de risque comprennent la pollution de l’eau et les carences en matière d’assainissement, d’eau potable et de collecte des déchets. Le plan d’action climatique du Bénin classe la région densément peuplée autour de Cotonou, d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava comme la plus vulnérable aux risques sanitaires et sociaux liés au climat. Cependant, toutes les communautés et tous les groupes ne sont pas touchés de la même manière. Ce projet vise à quantifier plus précisément les risques de maladies hydriques sensibles au climat et à distinguer les groupes les plus touchés par ces maladies. L’équipe de recherche et les parties prenantes locales travailleront ensemble pour développer un système d’alerte précoce et de réponse ciblé qui peut atténuer les risques dans les zones côtières, le marché en plein air de Cotonou et les communautés vivant autour du lac Nokoué. En cas de succès, l’application du système pourra être étendue à d’autres maladies sensibles au climat et à d’autres régions géographiques.
Contexte
Selon le scénario de projection du GIEC sur les émissions moyennes (SSP2-4.5), le niveau moyen de la mer dans le golfe de Guinée en Afrique de l’Ouest devrait augmenter de 0,15 m à 0,31 m d’ici à 2050. L’élévation du niveau de la mer devrait entraîner des changements dans les conditions des vagues, l’érosion côtière, les inondations et l’intrusion d’eau salée dans les lacs d’eau douce. Le gouvernement béninois a reconnu qu’en l’absence de mesures d’adaptation, l’élévation du niveau de la mer détruirait environ un tiers des établissements côtiers actuels au cours des prochaines décennies. En réponse aux deux scénarios prévus et aux fréquents événements liés au changement climatique survenus au cours des dernières décennies, le Parlement béninois a adopté en 2018 une loi pour la prévention et le contrôle des conséquences climatiques (loi n° 2018-18, « loi sur le changement climatique »). En outre, en 2022, le Bénin a adopté un « Plan d’action national (PAN) pour l’adaptation au changement climatique », avec l’objectif d’accroître la résilience et la capacité d’adaptation des communautés locales touchées par le changement climatique d’ici 2030. L’étude proposée s’aligne sur ces priorités nationales en visant à améliorer la compréhension par le pays des risques climatiques et sanitaires interdépendants présents dans les régions côtières et à concevoir des mécanismes de détection et de réponse précoces avec les populations touchées.
Approche et méthodes
Le projet mènera des recherches avec des représentants de trois sites d’étude, à savoir les habitants du littoral de Cotonou (environ 100 000 personnes), le marché de Dantokpa (environ 35 000 marchands et travailleurs) et les environs du lac Nokoué (au moins 100 000 personnes). Le projet transdisciplinaire est organisé en modules de travail :
- Cartographie inclusive des parties prenantes et analyse des besoins d’adaptation au changement climatique de différents groupes sociaux – utiliser des enquêtes descriptives, des entretiens approfondis, des discussions de groupe, la collecte de données photographiques et des méthodes d’études de cas étendues pour générer de nouvelles connaissances et une meilleure compréhension de l’impact du changement climatique sur la santé et les moyens de subsistance des personnes, de la manière dont les résidents s’engagent actuellement dans des activités d’adaptation et décrivent les besoins et les opportunités d’un système d’alerte précoce amélioré.
- Caractérisation des agents pathogènes d’origine hydrique sensibles au climat et de l’incidence des maladies dans différents groupes sociaux – le séquençage avancé du génome permet l’identification rapide d’informations génomiques complètes sur les agents pathogènes. Des échantillons cliniques seront obtenus par la mise en place d’une surveillance active comprenant un partenariat avec les centres de santé de la zone d’étude par le biais d’écouvillons obtenus à partir de cas de diarrhée. Les niveaux de pollution fécale dans les aliments, l’eau et d’autres échantillons environnementaux seront quantifiés par dénombrement des E. coli.
- Évaluation du risque et modélisation prédictive de la dynamique du risque d’exposition basée sur les variations des conditions environnementales induites par le climat – Les voies de transmission des agents pathogènes seront cartographiées chez les résidents côtiers, les commerçants et les travailleurs du marché de Dantokpa et des communautés lacustres. Une évaluation comparative de l’exposition aux voies de transmission identifiées permettra de classer les estimations de l’exposition en fonction du sexe et de l’âge et de caractériser les principales voies de transmission et les sous-populations les plus exposées.
- Développement participatif d’un système d’alerte précoce ascendant et élaboration conjointe de plans de préparation et de réponse spécifiques au contexte – enquêtes exploratoires (examen des documents, visite des sites), entretiens qualitatifs individuels approfondis, discussions de groupe et journaux de terrain. Les informations existantes et les mesures d’alerte au changement climatique seront évaluées quant à leur applicabilité et leur efficacité. Des discussions avec les sous-populations et les autorités municipales seront menées afin d’identifier les meilleurs moyens pour eux de recevoir et d’agir sur les informations provenant des modèles prédictifs.
L’accès aux données sera assuré par la conception d’un plan de collecte de données solide avec les groupes participants et la collaboration avec la Direction de la santé publique et l’Institut de recherche océanographique, ce qui permettra d’utiliser des données nationales rétrospectives provenant de diverses sources.
Résultats attendus
Résultats attendus Le projet vise à bénéficier aux groupes les plus touchés par l’augmentation de l’incidence des maladies due au changement climatique, par le biais d’un système de réponse qui doit être développé avec et pour ces groupes. Le projet permettra d’acquérir des connaissances précises sur les relations entre le changement climatique et les risques sanitaires et sur les moyens de les atténuer en tenant compte des spécificités de chaque sexe et en favorisant l’intégration. Les activités du projet devraient également permettre d’accroître la visibilité et de renforcer le rôle des coopératives féminines locales, ainsi que de réduire les inégalités sociales et de genre en termes de santé et de moyens de subsistance.
Le renforcement des capacités comprend la gestion des données et la recherche transdisciplinaire, les analyses bioinformatiques et de séquençage pour collecter et partager rapidement des informations sur les agents pathogènes susceptibles de provoquer des épidémies, la mise en place d’une collaboration efficace entre les acteurs communautaires, les groupes de travail sur l’innovation, les responsables gouvernementaux et les chercheurs, entre autres. L’équipe estime pouvoir former au moins 1 200 personnes par le biais de groupes de travail, 9 étudiants en maîtrise, 3 doctorants, 2 post-doctorants, et renforcer les capacités techniques et de gestion de chaque institution partenaire.
Outre la production et la présentation des résultats scientifiques traditionnels, le plan prévoit un engagement continu des communautés, des autorités locales et des agences gouvernementales dans le développement du projet et la diffusion des résultats, en utilisant des modalités culturellement pertinentes, telles que la radio, les talk-shows, les tables rondes, les interviews et les réunions avec les représentants des autorités et les leaders d’opinion. L’équipe prévoit également de collaborer étroitement avec les décideurs politiques afin de garantir la durabilité des GTI et la capacité de mise en œuvre du système d’alerte précoce et de réponse.
Crédit photo: IDRC/Bright Drah
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