Combler les lacunes en matière d’adaptation aux changements climatiques
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Atelier CLARE à ICIMOD | 8 octobre 2024
écrit par Arjan De Haan
Quelque 160 personnes (50 % sur site et 50 % en ligne) se sont réunies pour discuter des lacunes croissantes dans l’adaptation aux changements climatiques en Asie et des possibilités de combler ces lacunes. Les responsables du gouvernement népalais ont souligné la nécessité d’une action et d’un soutien renforcés, comme l’ont encore illustré les inondations dévastatrices de la semaine précédente : l’adaptation aux changements climatiques est une nécessité, pas un choix.
Les spécialistes ont détaillé les besoins croissants et communiqué des recommandations pour une action urgente : travailler ensemble, renforcer les capacités et améliorer la compréhension de l’écosystème financier, avec le soutien international, et le rôle de premier plan des gouvernements nationaux, s’avéreront essentiels pour atteindre les objectifs climatiques et de développement.
Un écosystème en crise
Après les remarques d’ouverture des hôtes du Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes (ICIMOD) et de CLARE, l’ambassadeur de Sa Majesté au Népal et champion du climat du Royaume-Uni pour la région de l’Inde et de l’océan Indien, Robb Fenn, a souligné que nous sommes dans une situation d’urgence climatique et que nous devons nous adapter et renforcer la résilience. Il a souligné : « Renforcer la résilience des communautés en première ligne de la crise climatique revêt une importance primordiale… [and] … pour permettre une adaptation qui réduit les risques climatiques et soutient le développement résilient au climat, une recherche orientée vers l’action s’avère nécessaire. »
Madhu Kumar Marasini de la Commission nationale de planification du Népal a évoqué la force et la vulnérabilité de l’écosystème montagneux ainsi que la nécessité d’accroître le financement climatique et la diplomatie pour combler le déficit de l’adaptation au climat afin de protéger et de restaurer cet écosystème. Il a rappelé à la réunion les paroles du premier ministre népalais selon lesquelles « les montagnes sont torturées par la hausse des températures » et a souligné la nécessité d’un effort de collaboration mixte pour protéger les écosystèmes montagneux qui soutiennent la vie et les moyens de subsistance d’environ deux milliards de personnes.
L’honorable Juddha B. Gurung, membre de la Commission nationale des ressources naturelles et des finances, a clos la séance d’ouverture, rappelant sa profonde expérience personnelle de l’impact croissant des changements climatiques au Népal. Il a souligné les premiers travaux des parties prenantes et des spécialistes népalais pour faire reconnaître la crise climatique croissante, ainsi que les efforts des militantes et militants et des diplomates népalais pour sensibiliser les entreprises mondiales aux impacts des changements climatiques.
Besoins d’adaptation croissants, mise à l’échelle de l’innovation
Lors de la première session, Chandni Singh, de l’Institut indien des établissements humains, a décrit le déficit croissant de l’adaptation au climat en Asie, partageant avec les participantes et participants un premier aperçu sur le Rapport sur le déficit de l’adaptation au climat 2024. Elle a résumé les nouvelles données et l’évaluation de l’efficacité des projets d’adaptation. Les priorités pour approfondir les travaux sur l’adaptation tels qu’ils ressortent dans le rapport comprennent l’accent mis sur les impacts sur la santé, le financement de la lutte contre la maladie, le travail sur le plan infranational et la gestion des risques tournée vers l’avenir.
Popular Gentle, ancien conseiller du premier ministre népalais, a souligné l’importance et l’engagement du Népal en faveur d’une adaptation dirigée localement. Toutefois, il existe des lacunes importantes dans la mise en œuvre, et il a souligné la nécessité d’améliorer la compréhension des vulnérabilités intersectionnelles, le soutien à l’innovation dans les interventions et les capacités de développement, ainsi que la combinaison des connaissances locales avec la recherche et les données probantes universitaires.
Surendra Joshi, de l’ICIMOD, a terminé la discussion en soulignant les lacunes croissantes en matière d’adaptation et la nécessité de renforcer la mise en œuvre des politiques et des engagements. Il a souligné que des solutions locales existent et sont en cours de pilotage (comme dans le cadre du programme HI-REAP) et que la mise à l’échelle et l’accès au financement de ces innovations constituent des priorités essentielles.
Approches globales nécessaires pour combler le déficit de financement climatique
Pour la dernière séance sur la réduction du déficit financier, Paul Watkiss, responsable du projet CLARE ECONOGENESIS, a préparé le terrain en avertissant que les nouvelles ne semblaient pas bonnes, en particulier pour l’Asie et l’Afrique qui connaissent les impacts, y compris économiques, des changements climatiques les plus graves. Comme le montre le dernier Rapport sur le déficit de l’adaptation au climat 2023 et réaffirmé dans l’édition 2024 (seulement disponible en anglais pour l’instant), l’action climatique et en particulier l’adaptation sont sous-préparées et sous-financées.
- Les besoins estimés s’avèrent beaucoup plus élevés que les flux internationaux actuels
- Même le respect du pacte de Glasgow (doubler le financement) réduira l’écart d’environ 5 %
- Un écart financier plus important entraîne des pertes et des dommages plus importants
Bien que tous les chiffres demeurent très incertains, il est probable que les besoins totaux soient encore plus importants. Le secteur privé doit également faire face à des coûts pour s’adapter aux changements climatiques, et ces coûts ne sont pas inclus dans les estimations. Comme la recherche l’a montré, les pauvres supportent des fardeaux inégaux du coût des changements climatiques, et de nouveaux modèles de financement climatique pourraient aggraver la situation. Cela a été souligné dans une discussion ultérieure : la « qualité » du financement de l’action climatique, en particulier si les personnes qui en ont le plus besoin ont accès, importe autant que la quantité.
Des progrès sont notés aussi en matière d’adaptation. La question du financement climatique est maintenant à l’ordre du jour des ministères des Finances, y compris au Rwanda et au Népal (comme le montrent les travaux d’ECONOGENESIS), et comme l’ont souligné les panélistes. Pour combler le déficit de financement, des approches novatrices et à l’échelle sont nécessaires. Ce sera difficile, mais des innovations existent.
De multiples approches et réformes du financement climatique s’avèrent nécessaires. Om Prakash Bhattarai, du ministère des Finances népalais, a réitéré l’ampleur du déficit financier du Népal : selon les estimations, ce montant s’établit à 2,1 milliards de dollars américains, soit 5 % du PIB du pays. Le Népal n’a pas les moyens de combler cet écart, le pays affichant déjà un déficit budgétaire important et un ratio d’endettement croissant, et devant faire face à de nouveaux défis pour accéder au financement une fois que le Népal aura obtenu son diplôme de pays les moins développés en 2026.
Le Népal met en place des politiques et des mesures pour relever ce défi : une taxe climatique verte innovante, l’approche « Développement vert, résilient et inclusif » qui comprenait des mesures d’adaptation et d’atténuation, l’harmonisation des budgets avec les besoins d’adaptation au climat et les lignes directrices pour promouvoir les investissements des banques privées. Le gouvernement népalais appelle à un soutien extérieur beaucoup plus important pour combler le besoin annuel de financement climatique de 2,1 milliards de dollars américains, en particulier sous forme de subventions, ainsi que de processus simplifiés pour accéder aux ressources.
Partenariat pour faire évoluer le financement climatique
On a demandé à Mme Medinee Prajapati de la Global IME Bank, Népal, la manière dont le financement privé peut aider à relever ces défis. Les institutions financières privées investissent dans les secteurs de l’énergie et de la durabilité, y compris l’agriculture. Les organismes de réglementation exigent qu’elles allouent une partie de leur portefeuille à ces secteurs et adoptent des pratiques bancaires durables. Ils ont introduit une taxonomie verte et mis en place des unités pour promouvoir la banque durable. Toutefois, elle a souligné qu’ils restaient des actrices et acteurs économiques privés devant fournir des rendements à leurs actionnaires. Les institutions financières ont besoin de modèles de financement mixte et de partage des risques ou des coûts pour investir dans des secteurs mal desservis. La certification, par exemple, des bâtiments écologiques et de l’agriculture intelligente face au climat s’avère nécessaire pour éviter l’écoblanchiment.
Bedoshruti Sadhukhan, représentante de l’ICLEI – Gouvernements locaux pour la durabilité, a été interrogée sur les partenariats nécessaires pour faire évoluer le financement climatique, du point de vue des municipalités. Elle a souligné que les municipalités de la région élaboraient des plans d’action pour le climat, mais qu’elles faisaient face à des obstacles pour obtenir du financement pour ces plans. Les lignes budgétaires ne s’adaptent souvent pas facilement aux nouvelles priorités climatiques. Les autorités locales ne peuvent pas accéder directement aux fonds mondiaux. Ils dépendent des autorités nationales pour financer leurs priorités qui, elles-mêmes, manquent souvent de capacités pour s’impliquer dans des processus de demande de financement compliqués. La mobilisation du secteur privé présente également des défis, le besoin de rendements financiers pouvant entraver l’investissement dans des activités prioritaires par les municipalités, une lacune que les philanthropes peuvent aider à combler.
Vivek Sen a cité l’IPC qui estiment que le financement climatique mondial disponible est inférieur à un quart de ce qui est nécessaire. Il a plaidé en faveur de la nécessité de « jeter l’évier de la cuisine » sur le problème et d’apporter des capitaux pour des gains d’adaptation au climat à long terme. D’importants défis doivent être relevés pour y parvenir. Les projets d’adaptation au climat nécessitant de longues périodes de gestation, il est difficile d’attacher une valeur financière à leurs avantages. Il n’existe pas de politiques ou de mandats habilitants pour investir dans des projets d’adaptation au climat à petite échelle à l’échelle locale. Ces caractéristiques réduisent les intérêts des investisseuses et investisseurs du secteur privé, et ces types de projets d’adaptation locaux au climat dépendent d’un capital plus tolérant au risque (généralement philanthropique).
L’investissement public s’avère donc essentiel. Les structures de capital mixtes avec des philanthropies soutenant l’investissement à long terme et le financement public pour supprimer les risques d’investissement peuvent créer ensemble des conditions de marché dans lesquelles le capital privé peut investir dans des mesures d’adaptation au climat. Vivek a conclu : « Que le gouvernement prenne les devants, que le secteur privé participe, qu’il ait un rôle à jouer pour le capital philanthropique, pour financer les activités d’adaptation. »
La discussion a mis en évidence les caractéristiques souhaitables pour la quantité et la qualité du financement climatique : il doit être supplémentaire (au financement de l’aide publique au développement), idéalement fourni sous forme de subvention, prévisible, permettre une flexibilité, et traiter la pauvreté et les inégalités parallèlement aux impacts des changements climatiques. Les participantes et participants ont estimé que les pays développés ont la responsabilité de fournir des ressources pour l’action climatique des pays en développement. Il est essentiel d’intégrer des considérations d’équité et de justice dans la planification du financement climatique.
Les participantes et participants ont souligné la nécessité de combler les écarts entre les communautés de financement et d’adaptation, et entre les ordres de gouvernement, ainsi que de renforcer les capacités d’action climatique parmi ces parties prenantes. Les participantes et les participants ont également souligné la nécessité d’améliorer la coordination et la communication, y compris la compréhension des perspectives et des intérêts des parties prenantes des banques privées.
Comme l’a conclu Mme Louise Wilson, Ph. D., conseillère en climatologie de Foreign, Commonwealth and Development Office, il est urgent de développer la capacité et les partenariats techniques et de spécialistes. Ceux-ci peuvent développer les instruments et les mécanismes nécessaires pour un financement climatique équitable, à la fois public et privé, qui est flexible et peut être alloué en fonction des besoins uniques. Par-delà tout, le financement climatique doit vraiment atteindre celles et ceux qui sont les plus vulnérables et soutenir les gains à long terme.
Principales conclusions de l’atelier
- L’important impact des changements climatiques en Asie affecte un grand nombre de personnes, avec des vulnérabilités propres aux écosystèmes comme les montagnes (« aux prises par la hausse des températures »), et les ressources pour faire face aux impacts s’avèrent bien insuffisantes.
- Les données probantes sur l’adaptation menée localement, la compréhension des vulnérabilités intersectionnelles et le soutien à l’innovation et à la mise à l’échelle ont un rôle clé à jouer.
- L’augmentation du financement international de la lutte contre les changements climatiques, conformément aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la simplification des processus d’accès et l’innovation dans les modalités de financement s’avèrent essentielles.
- La qualité du financement climatique est aussi importante que la quantité : l’additionnalité, la flexibilité et le financement des subventions jouent un rôle crucial pour s’assurer de répondre aux besoins locaux.
- Le financement privé a un rôle à jouer, mais l’adaptation doit être menée par des interventions publiques : « Laissons le gouvernement prendre les devants, laissons le secteur privé participer, laissons le capital philanthropique jouer un rôle pour financer les activités d’adaptation ».
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