Garantir l’égalité des genres et l’intégration dans la recherche sur les changements climatiques
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Les changements climatiques mettent en péril les efforts de développement mondiaux, car ils ont des répercussions croissantes sur tous les aspects d’une vie saine, inclusive et prospère. L’engagement en faveur de l’égalité des genres et d’une plus grande inclusion dans la recherche ouvre la voie à un avenir où les solutions climatiques seront axées sur les besoins et les voix de toutes et de tous, en particulier des plus vulnérables. Une approche inclusive est essentielle afin de lutter contre les inégalités et relever les défis particuliers auxquels sont confrontés les groupes marginalisés dans un contexte de changements climatiques.
Certaines recherches relatives à l’égalité des genres et à l’inclusion vont encore plus loin et visent à renforcer l’action individuelle et collective, à transformer les institutions et les politiques formelles et informelles et à rééquilibrer les relations de pouvoir entre les genres à différents échelons, du local au national. Ce type de recherche s’efforce d’être transformateur.
L’initiative Adaptation aux changements climatiques et Résilience (CLARE) cherche à faire progresser ce type de recherche transformatrice, égalitaire et inclusive au moyen d’un portefeuille de projets qui sont en cours en Afrique et en Asie. Financé conjointement par le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) du Royaume-Uni et le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), l’initiative CLARE vise à permettre une action durable et socialement inclusive en vue de renforcer la résilience face aux changements climatiques et aux risques naturels pour les pays d’Afrique et d’Asie-Pacifique.
Ne laisser personne de côté
Pour être efficaces, les solutions climatiques doivent prendre en compte et être élaborées en collaboration avec les personnes qui apportent des points de vue différents, notamment ceux des femmes et des groupes marginalisés. À cette fin, les projets de recherche de l’initiative CLARE doivent impérativement tenir compte de l’égalité des genres et de l’inclusion au sens large à chaque étape : lors de la formation des équipes de recherche, de l’élaboration des questions de recherche, des objectifs et des méthodologies, ainsi que du suivi et de la communication sur les activités du projet. Les équipes comprennent de nombreuses chercheures, ainsi que des chercheures et chercheurs en début de carrière issus de groupes marginalisés.
L’équipe à l’origine du projet Renforcer les capacités d’adaptation des petites agricultrices en Ouganda (WOSFER) de l’initiative CLARE, en Ouganda, par exemple, se mobilise auprès des petites exploitantes agricoles et leur donne les moyens d’adopter des pratiques agricoles adaptées aux changements climatiques et des innovations numériques adaptées aux femmes. L’équipe du projet se mobilise également auprès de la communauté et des décideurs politiques pour un changement systémique en faveur de l’égalité des genres et de l’inclusion. L’objectif est de renforcer la capacité d’adaptation des petites agricultrices dans le couloir du bétail en Ouganda, où les températures moyennes ont augmenté de 1,3 °C depuis les années 1960.
« Nous faisons la promotion de solutions durables en donnant la parole à tout le monde », a indiqué Brenda Boonabaana, co-investigatrice du projet. « D’un point de vue qualitatif, il s’agit d’être intentionnel et de s’assurer que personne n’est laissé de côté alors que nous adhérons à ce principe de développement durable, reconnaissant que chaque voix compte ».
Le principe de ne laisser personne de côté constitue une pierre angulaire du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (Programme 2030) des Nations Unies. Il met l’accent sur la lutte contre la discrimination et les causes profondes des inégalités croissantes, à la fois au sein des pays et entre eux. Un aspect important du Programme 2030 consiste à s’attaquer aux formes persistantes de discrimination, y compris la discrimination fondée sur le genre, qui se traduit souvent par l’exclusion de personnes, de familles et de communautés entières.
Parmi les personnes souvent exclues de la recherche et de la politique en matière de climat, on trouve les personnes qui habitent des quartiers informels. Afin de contribuer à la lutte contre le fardeau climatique auquel sont confrontées les personnes qui habitent ces quartiers, le projet Renforcer la résilience dans le contexte d’une urbanisation rapide (RURBANISE) de l’initiative CLARE les associe directement à la recherche aux Philippines, pays fortement touché par les changements climatiques, notamment par l’élévation du niveau de la mer et par des phénomènes météorologiques extrêmes comme les typhons.
« Tout projet de recherche axé sur le bien-être des personnes doit être mené par les personnes elles-mêmes », a indiqué Vanesa Castán Broto, cochercheure de cette recherche qui reconnaît les expériences de vie et les capacités des personnes qui habitent des quartiers informels. « Au moyen de la Fédération des sans-abri des Philippines, nous permettons aux communautés d’approfondir leurs connaissances portant sur les mesures pratiques d’adaptation au climat. »
Les personnes qui habitent des quartiers informels étant particulièrement vulnérables face aux changements climatiques, la recherche vise à accroître leur résilience en renforçant les mesures d’adaptation dans neuf de ces quartiers et en développant des innovations favorables aux personnes pauvres, avec des possibilités de collaboration entre les communautés, les praticiennes et praticiens et les universitaires.
Une mobilisation pertinente des groupes marginalisés dans la recherche implique de travailler en étroite collaboration avec les communautés au moyen de méthodes participatives et d’approches décolonisées, y compris en aidant activement les personnes à diriger la recherche et à s’exprimer de leur propre voix, et en intégrant différentes voix.
Cette approche est démontrée dans le projet Voies d’intervention réussies pour la migration en tant qu’adaptation (SUCCESS) de l’initiative CLARE. Ce projet vise à changer le discours portant sur la migration et à soutenir les politiques qui garantissent le bien-être et la résilience de toutes les communautés concernées – les personnes migrantes, les personnes immobiles et celles qui sont restées au pays, ainsi que celles qui vivent dans les zones urbaines de destination des migrations. Alors que la migration constitue une stratégie d’adaptation courante et souvent efficace pour les personnes, elle est souvent présentée comme un échec de l’adaptation.
Ce projet vise à générer de nouvelles connaissances sur l’évaluation des adaptations qui impliquent la migration, la mobilité et l’immobilité à travers le Bangladesh, le Bhoutan, et le Népal. Le projet contribuera à l’élaboration de pratiques exemplaires fondées sur des données probantes afin de permettre une adaptation réussie des populations immobiles et de faciliter la mobilité en toute sécurité des populations qui aspirent à se déplacer et à s’intégrer dans de nouveaux endroits.
Nitya Rao, experte en égalité des genres et inclusion (EGI) pour le projet, a expliqué qu’il est essentiel de se mobiliser auprès des communautés marginalisées touchées par les problèmes climatiques afin d’élaborer des solutions d’adaptation efficaces. « Il s’agit vraiment de savoir comment nous estimons les gens, comment nous menons la recherche, quelles sont notre attitude et notre approche », a déclaré M. Rao. Elle a également insisté sur la nécessité de se mobiliser auprès des décisionnaires politiques et des médias pour modifier l’image des communautés vulnérables : « Sont-elles dépeintes comme des victimes ou leurs histoires reflètent-elles leur action et leurs luttes? Notre objectif est de transformer ce récit, et ce, en plaidant pour le respect et la reconnaissance de ces groupes marginalisés ».
L’inclusion au-delà du genre
L’inclusion ne concerne pas seulement les femmes. Le sexe et le genre s’entrecroisent avec d’autres identités telles que la classe, la race, la caste, l’ethnie, la religion, l’âge et les capacités mentales ou physiques – ce que l’on appelle l’intersectionnalité. Les femmes, les filles, les personnes 2ELGBTQI+ et d’autres groupes marginalisés se heurtent à des obstacles structurels persistants qui font entrave à l’égalité dans les pays en développement, mais elles ont pourtant droit à l’égalité.
Reconnaissant l’importance de l’intersectionnalité, notre recherche vise à examiner les expériences des personnes ayant des identités à plusieurs multiples.
Le projet Regard panafricain et transdisciplinaire à la périphérie de l’Afrique : Faire face aux risques d’événements extrêmes (PALM-TREES) de l’initiative CLARE , mis en œuvre dans six pays d’Afrique subsaharienne, en est un bon exemple. Il vise à comprendre comment les personnes vulnérables ayant des identités sociales complexes au-delà du genre sont touchées par les phénomènes climatiques extrêmes, et à inclure leurs points de vue dans les plans locaux d’adaptation au climat. Par exemple, tout en se concentrant sur les groupes d’agricultrices en Afrique centrale, le projet cherche également à cerner et à inclure d’autres groupes qui pourraient bénéficier de l’inclusion sociale. De même, au Kenya, il évalue qui est inclus dans les initiatives d’intervention face aux risques de catastrophes, dans le but d’élargir la participation. En Afrique du Sud, il se concentrera sur la dynamique du stress thermique sur la violence à l’égard des femmes.
Surmonter les obstacles systémiques grâce à la recherche
La recherche porteuse d’impact peut contribuer de manière importante au changement des normes sociales négatives. Cependant, le chemin à parcourir pour prendre en compte l’égalité des genres et l’inclusion dans la recherche sur les changements climatiques est semé d’embûches, notamment la résistance face au changement.
Malgré les difficultés, la recherche peut créer un environnement davantage inclusif grâce à la cocréation de données probantes et de solutions, tout en renforçant les capacités de toutes les parties concernées. Ces efforts peuvent à leur tour favoriser un monde où les personnes plus vulnérables contribuent à des solutions durables et équitables et en bénéficient.
En utilisant des approches transformatrices, des perspectives intersectionnelles et la co-création, la recherche sur les changements climatiques telle que celle menée dans le cadre de l’initiative CLARE ne peut pas seulement s’attaquer aux défis climatiques, mais aussi démanteler les obstacles systémiques qui perpétuent l’inégalité. Il s’agit d’un « parcours d’apprentissage, d’adaptation et d’humanité », a indiqué Vanesa Castán Broto. Pour Nitya Rao, cette ambition va au-delà des réussites individuelles et se traduit par une transformation collective et évolutive qui redéfinit les récits et favorise un changement durable.
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Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Cameroun, Ghana, Népal, Nigéria, Ouganda, Philippines, République démocratique du Congo
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