Changements climatiques, genre, égalité, et inclusion sociale : implications réparties et coûts d’adaptation (ECONOGENESIS)

Introduction

Les effets du changement climatique ne seront pas ressentis de manière uniforme dans le monde ou dans la société. Ils affecteront de manière disproportionnée les personnes confrontées à des inégalités de genre et à d’autres inégalités sociales, en particulier dans les pays du Sud. Toutefois, les estimations actuelles des coûts économiques du changement climatique et des coûts d’adaptation ne tiennent pas compte de la répartition de ces effets. Ce manque de connaissances entrave la planification nationale de l’adaptation ainsi que la conception de projets d’adaptation bancables qui soutiennent l’égalité des sexes et promeuvent l’inclusion sociale. Ce projet mènera des études nationales au Népal, au Rwanda et en Tanzanie pour combler cette lacune. En étroite collaboration avec des acteurs clés du gouvernement, du secteur privé et de la société civile, ce projet interdisciplinaire mettra à jour les études précédentes sur les coûts économiques du changement climatique et les coûts de l’adaptation, et les élargira pour inclure les dimensions de genre, d’égalité et d’inclusion sociale (GESI). Il fera également progresser la programmation positive et inclusive en matière de financement de l’adaptation. Le projet renforcera la capacité à intégrer les dimensions GESI dans la planification et la programmation de l’adaptation en générant de nouvelles informations, en travaillant directement avec les parties prenantes à l’aide de méthodes de co-création, et en offrant des opportunités de formation, y compris pour les chercheurs en début de carrière.

Contexte

Le changement climatique aura un impact disproportionné sur les pauvres, les femmes, les filles et les populations marginalisées (personnes handicapées, minorités ethniques, populations autochtones et personnes âgées). Toutefois, les études actuelles sur les coûts économiques du changement climatique et l’analyse des coûts et des avantages de l’adaptation ne tiennent pas compte de la répartition entre les sexes et entre les différents groupes sociaux. De même, alors que les flux financiers pour l’adaptation augmentent, il y a eu moins de recherches sur la façon d’améliorer la programmation de l’initiative GESI. Ce projet vise à combler ces lacunes en se concentrant sur le Rwanda, le Népal et la Tanzanie. Les gouvernements de ces trois pays souhaitent vivement mettre à jour les études économiques antérieures afin de soutenir la planification de l’adaptation et d’étendre ces études pour prendre en compte de manière explicite les impacts du changement climatique sur les femmes, les groupes les plus pauvres et les groupes socialement exclus. La recherche fournira de nouvelles informations opportunes sur les arguments économiques en faveur de l’adaptation et garantira une forte intégration des dimensions de l’initiative GESI. Au Rwanda, elle étudiera également de nouveaux modèles de financement avec le fonds national pour le climat, y compris des modèles mixtes et du secteur privé, et aidera à co-développer des projets d’adaptation prêts à l’investissement (bancables) qui promeuvent l’égalité des sexes et l’inclusion sociale.

Approche et méthodes

Le projet vise à soutenir la planification économique résistante au climat au Rwanda, au Népal et en Tanzanie (avec un accent particulier sur Zanzibar), par l’analyse des coûts et du financement de l’adaptation, et à informer le développement d’une réserve de projets d’adaptation susceptibles d’être financés.

La recherche comporte deux volets principaux :

Tout d’abord, sur la base d’analyses antérieures, l’équipe évaluera les coûts économiques du changement climatique, ainsi que les coûts et les avantages de l’adaptation, dans les trois pays. Cette évaluation comprendra une analyse des impacts différentiels, en fonction du sexe, de l’identité sociale et du revenu. L’étude travaillera à trois niveaux d’agrégation. Elle entreprendra des études détaillées de la vulnérabilité locale, en utilisant des enquêtes et des entretiens pour comprendre les éléments du GESI. Ces résultats seront intégrés dans des modèles d’impact sectoriels qui examinent les impacts et l’adaptation (par exemple, les modèles d’inondation). Enfin, ces informations seront intégrées dans une analyse descendante, afin de fournir une évaluation à l’échelle de l’économie. L’analyse utilisera une approche axée sur les politiques et examinera les questions liées au changement climatique dans le contexte des plans de développement nationaux existants et à venir.

Deuxièmement, le projet examinera les obstacles qui entravent la création de projets d’adaptation. Il identifiera et aidera à développer de nouveaux instruments financiers et modèles d’entreprise qui peuvent lever ces obstacles, en soutenant une réserve de projets bancables, en particulier ceux qui promeuvent les considérations GESI ou qui sont ciblés par le GESI. Ce projet se concentrera sur le Rwanda, tout en tirant des leçons pour les autres pays.

L’une des innovations de cette recherche est l’extension de l’analyse économique traditionnelle à la prise en compte des GESI et des effets distributifs, considérés comme une priorité essentielle par les évaluateurs externes. La recherche utilisera un cadre de co-création pour s’assurer qu’elle produit des connaissances utilisables et pertinentes pour les politiques. Cela commencera par une co-conception, afin de développer et de définir conjointement des questions de recherche qui répondent aux intérêts et aux besoins des parties prenantes. Le projet travaillera également avec les parties prenantes concernées au fur et à mesure de son avancement et comprendra des ateliers de formation pour les gouvernements, les parties prenantes de la société civile, le secteur privé et les gestionnaires de fonds climatiques. Le projet vise à amplifier l’impact à l’intérieur et au-delà du niveau national par la production de connaissances stratégiques, y compris la diffusion de rapports axés sur les pays, d’études de cas collaboratives et de notes d’information. Le projet contribue également au chapitre sur le déficit de financement de l’adaptation du rapport 2023 du Programme des Nations unies pour l’environnement sur le déficit d’adaptation, en développant de nouvelles estimations des coûts d’adaptation mondiaux et en entreprenant une analyse GESI.

Résultats attendus

Le projet produira un ensemble de résultats adaptés et diversifiés, notamment des rapports, des notes d’orientation, un chapitre pour le rapport sur le déficit d’adaptation du Programme des Nations unies pour l’environnement et au moins une publication évaluée par des pairs. Tous les résultats seront en accès libre. Une première série de dix projets d’adaptation, dont au moins la moitié sera axée sur le GESI, sera développée conjointement pour la facilité NDC et la facilité d’investissement vert du Rwanda.

En collaboration avec des chercheurs du Sud et des acteurs clés, le projet renforcera les capacités de trois chercheurs en début de carrière (un dans chaque pays), ainsi que les connaissances et les capacités des planificateurs du développement, des économistes, du personnel du fonds climatique/de la finance climatique, de la société civile et des partenaires du secteur privé au Rwanda, au Népal et à Zanzibar par le biais d’ateliers et de formations.

Crédit photo : Comité international pour le développement des peuples