INFLOW |  Improved anticipation of floods on the White Nile

Meilleure anticipation des inondations sur le Nil blanc (INFLOW)

Introduction

Le Sud-Soudan est confronté à une situation d’urgence humanitaire complexe, un cinquième de sa population vivant à l’intersection de l’extrême pauvreté et du risque d’inondation. L’action humanitaire anticipée permet de fournir une aide ciblée et opportune avant une catastrophe. Cependant, l’action anticipative est limitée dans les environnements où les populations sont affectées par les conflits, la violence et les déplacements. En outre, l’action anticipative repose sur des modèles de prévision hydrologique précis, qui sont insuffisants dans le bassin hydrographique du Nil blanc. Ce projet vise à améliorer la capacité d’alerte précoce dans le bassin versant du Nil blanc et à renforcer la capacité des organisations humanitaires à agir sur la base de nouvelles informations. La recherche sera entreprise par une équipe transdisciplinaire composée d’agences gouvernementales mandatées, d’organismes de prévision régionaux, d’institutions universitaires et de partenaires humanitaires. Elle examinera comment les inondations récentes sont représentées dans les modèles hydrologiques existants et comment elles affectent les populations, en particulier les femmes et les enfants, dans les communautés touchées par les conflits. Les nouvelles connaissances seront intégrées dans les modèles existants.

Contexte

Au Sud-Soudan, plus de 2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays en raison d’un conflit prolongé, d’inondations et des conséquences de la pandémie de la covid. Plus d’un million de réfugiés supplémentaires sont enregistrés en Ouganda, un pays qui est lui-même très vulnérable aux impacts du changement climatique, avec environ 45 000 de ses propres habitants touchés par les inondations chaque année. Les inondations de 2021 ont été les pires de mémoire d’homme, affectant plus de 835 000 personnes. La prévision précise des inondations dans le bassin du Nil blanc reste un défi. Un modèle de débit existant de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a été calibré avec des données locales, mais il est peu performant pour les zones d’eau libre, telles que les zones humides du lac Victoria et du Sudd. En revanche, un modèle d’apprentissage automatique mis au point par l’université de Reading et des partenaires européens donne des résultats prometteurs dans des bassins fluviaux similaires. La recherche a la possibilité d’améliorer les prévisions concernant le bassin versant du Nil blanc et de renforcer les capacités institutionnelles et individuelles au sein du ministère ougandais de l’eau et de l’environnement, tout en tirant parti de l’infrastructure régionale de prévision existante au Centre de prévision et d’application climatiques de l’IGAD (ICPAC). Ces travaux contribueront au Plan de développement national III et à la Vision 2040 de l’Ouganda.

Approche et méthodes

La recherche est divisée en quatre groupes de travail comme suit :

  1. Analyser la façon dont les inondations récentes sont représentées dans les modèles hydrologiques existants : Évaluer les limites des modèles de prévision opérationnels, en se concentrant sur la représentation des processus des lacs, de la gestion de l’eau et des eaux souterraines le long du Nil blanc, du lac Victoria aux zones humides du Sudd. Le projet rassemblera des données provenant de nombreux ensembles différents de jauges, de produits satellitaires et de données in situ provenant d’agences humanitaires afin de caractériser les processus hydrologiques. Les ensembles de données seront analysés et utilisés pour fournir une caractérisation et un modèle conceptuel des processus hydrologiques clés pour la montée et la descente des crues dans les différentes parties du bassin, en développant une compréhension des processus clés du bassin pour les inondations de longue durée.
  2. Identifier l’impact des inondations sur différentes personnes dans les communautés touchées par le conflit : Une étude documentaire rassemblera les données existantes sur l’impact afin de fournir une base pour le travail sur le terrain. Les données proviendront des médias, des bases de données sur les catastrophes et des rapports des organisations humanitaires. L’étude documentaire identifiera les points forts et les limites des ensembles de données existants pour comprendre les impacts croisés des inondations. La méthodologie sur le terrain sera ensuite finalisée pour combler les lacunes des ensembles de données existants. Elle comprendra une étude transversale exploratoire pour évaluer les perceptions de la manière dont les femmes et les hommes sont affectés par les inondations et une étude qualitative pour explorer les dynamiques de pouvoir entre et au sein des ménages dans les actions d’anticipation et de réponse. La recherche participative sera menée en parallèle sur deux sites : Le camp de Bentiu (Sud-Soudan) et le campement de Bidibidi (Ouganda).
  3. Intégrer de nouvelles connaissances pour améliorer les prévisions : Un cadre d’évaluation des compétences en matière de prévision utilisant des critères de compétence pertinents pour la prise de décision (délai d’exécution, seuils, taux de fausse alerte acceptable) sera coproduit puis appliqué à différents systèmes de prévision des inondations. Des scientifiques invités provenant d’agences nationales mandatées en Ouganda et au Sud-Soudan travailleront à l’ICPAC pour intégrer les résultats dans les procédures opérationnelles de prévision, de surveillance et d’alerte précoce. Des conseils seront donnés aux organisations humanitaires sur le potentiel de ces prévisions pour une action anticipée.
  4. Élaborer des plans humanitaires complets : L’équipe intégrera les résultats dans des plans d’urgence améliorés ou nouveaux afin de mieux anticiper les impacts des inondations dans ces contextes complexes, notamment en tenant compte de l’intersectionnalité des impacts des inondations sur les femmes et les enfants, qui sont représentés de manière disproportionnée dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées, ainsi que sur d’autres groupes marginalisés.

Résultats attendus

Les résultats attendus peuvent être classés en deux grandes catégories : l’amélioration des services climatiques (prévision des inondations) à l’ICPAC et l’amélioration des approches humanitaires pour l’action anticipative dans les situations de conflit, y compris les déplacements et les besoins des personnes marginalisées. Pour atteindre ces résultats, le projet prévoit de produire :

  • Un cadre amélioré de modélisation des prévisions d’inondation pour soutenir l’action anticipative ; et des procédures améliorées de systèmes d’alerte précoce au sein des agences hydrométéorologiques mandatées au niveau national ;
  • Des documents d’information et des présentations à une communauté plus large de centres de prévision nationaux, régionaux et mondiaux fourniront des recommandations pour améliorer la prévision des inondations et les systèmes d’alerte précoce dans la région de manière plus générale.
  • Recommandations visant à améliorer la planification des mesures d’urgence pour faire face aux conséquences des inondations sur les communautés de réfugiés dans le nord de l’Ouganda et sur les communautés déplacées et touchées par le conflit au Sud-Soudan, coproduites avec les partenaires humanitaires de la région.
  • Recommandations d’actions anticipatives ciblées pour les futures inondations afin de prendre en considération les différences sexospécifiques / intersectionnelles dans les impacts des inondations, coproduites avec les partenaires humanitaires ;
  • Rapports sur l’intersection des impacts et des risques d’inondation dans les zones de conflit ; et
  • Publications évaluées par des pairs sur a) les défis de la prévision de la dynamique des inondations de 2021 ; b) les impacts croisés des inondations dans les zones touchées par les conflits et c) l’évaluation des compétences multi-modèles des systèmes de prévision des inondations.

Crédit photo: IDRC/Nichole Sobecki