Renforcer les moyens de subsistance des éleveuses et éleveurs dans la grande corne de l’Afrique grâce à des mesures d’anticipation efficaces (PASSAGE)
Introduction
En août 2022, la sècheresse dans la Grande Corne de l’Afrique avait causé la mort de 3,6 millions de têtes de bétail, tandis que 28 millions de personnes souffraient d’une grave insécurité alimentaire et avaient besoin d’une aide humanitaire d’urgence. L’ampleur des actions précoces déclenchées par les prévisions climatiques et les perspectives de sécurité alimentaire a été insuffisante pour sauver des vies et des moyens de subsistance. Cette expérience révèle des lacunes dans la surveillance, la préparation et la mise en œuvre de la sècheresse, de l’échelle transfrontalière à l’échelle locale. Ce projet améliorera la gestion des évènements climatiques extrêmes par les gouvernements locaux afin de soutenir les moyens de subsistance et les communautés pastorales en améliorant la modélisation, les prévisions et les plans d’action anticipatifs. Le projet se concentre particulièrement sur les zones transfrontalières de la région, qui abritent les communautés pastorales les plus vulnérables souffrant de malnutrition aiguë. PASSAGE s’appuie directement sur une série d’initiatives récentes et en cours, ainsi que sur des investissements majeurs dans le domaine de l’action anticipative.
Contexte
La sècheresse qui sévit actuellement dans la Grande Corne de l’Afrique a fait l’objet d’un suivi attentif et a même été prévue, mais l’ampleur des actions précoces déclenchées par les perspectives en matière de climat et de sécurité alimentaire a été insuffisante pour sauver des vies et des moyens de subsistance. Cette expérience révèle des lacunes dans la surveillance de la sècheresse, la production et la diffusion de prévisions exploitables, les plans et actions de préparation et la capacité de mise en œuvre, à tous les niveaux, du transfrontalier au national, en passant par le local. Les crises de sécurité alimentaire actuelles et récentes dans la région illustrent le potentiel d’action anticipative pour aider à atténuer et à prévenir les impacts de la sècheresse, ainsi que les défis liés à la mise en œuvre efficace d’une telle action face à des crises à évolution lente dans des contextes complexes. Ce projet vise à améliorer les systèmes opérationnels d’alerte précoce et les mesures d’anticipation des risques de sècheresse dans les systèmes de subsistance des éleveurs de la grande Corne de l’Afrique, afin de renforcer la résistance au climat et les moyens de subsistance durables, en particulier pour les plus vulnérables.
Approche et méthodes
Le projet met l’accent sur la coproduction de connaissances, la compréhension transdisciplinaire et holistique de la dynamique socio-écologique des zones pastorales de la grande Corne de l’Afrique. Des approches qualitatives seront utilisées pour évaluer la viabilité économique de l’action anticipée. Elles comprendront la collecte de données à l’aide d’une approche d’analyse de l’économie des ménages, d’entretiens avec des informateurs clés et d’analyses documentaires. Le projet utilise des méthodes participatives et a intégré de multiples approches, notamment l’outil d’évaluation améliorée de la vulnérabilité et des capacités (eVCA) de la FICR, les évaluations rapides des besoins, la programmation des moyens de subsistance saisonniers (SLP) du Programme alimentaire mondial et la planification participative à l’échelle communautaire. Ces méthodes seront utilisées pour cartographier et définir les vulnérabilités et les capacités des communautés, les impacts des climats extrêmes et des risques en cascade, et pour développer conjointement des actions d’anticipation et des récits de risques dynamiques, en intégrant les connaissances traditionnelles.
Les approches quantitatives comprennent la modélisation des systèmes socio-économiques combinée à la prévision et à la modélisation du climat. Il s’agit notamment du système socio-écologique des éleveurs par le biais de la dynamique des systèmes basée sur les déplacements induits par la sécheresse afin de comprendre l’interaction entre le climat, les ressources naturelles et les moyens de subsistance, et d’un modèle basé sur les agents (ABM) pour étudier comment la perception des risques climatiques affecte la diffusion des actions d’anticipation et pour promouvoir l’apprentissage de l’adaptation aux risques climatiques.
Pour améliorer les prévisions, le projet collectera des données sur l’état des pâturages, les espèces envahissantes et l’occupation des sols. Il mènera également des enquêtes transversales dans les groupements pastoraux à l’aide de questionnaires semi-structurés. Les données sur les eaux souterraines seront obtenues à partir des capteurs de forage existants au Kenya, et leur utilisation sera étendue à l’Éthiopie, au Sud-Soudan, à la Somalie et à l’Ouganda. Les mesures seront triangulées avec la télédétection par satellite des précipitations. De nouvelles approches d’apprentissage automatique seront testées pour la prévision du fourrage, la cartographie des masses d’eau de surface et la cartographie des espèces envahissantes. L’imagerie satellitaire sera également utilisée pour générer des cartes annuelles de l’occupation des sols dans les zones transfrontalières.
PASSAGE divise le travail en cinq modules qui correspondent aux objectifs et aux questions de recherche définis :
- Développer, rassembler et archiver dans un répertoire central une base de données étendue sur les impacts directs de la sècheresse en cascade, les résultats sur les moyens de subsistance pour soutenir les activités de l’AA et la gestion des risques au sens large dans la région.
- Coproduire une série de prévisions (températures extrêmes, impacts de la sécheresse, risques en cascade) qui compléteront les produits de prévision climatique déjà existants et disponibles en routine.
- Explorer et évaluer l’efficacité des actions anticipatives équitables et inclusives et améliorer la conception des systèmes opérationnels d’AA.
- Co-produire des scénarios de risque avec les communautés pastorales.
- Partager les enseignements avec l’ensemble de la communauté des AA.
Résultats attendus
Les résultats attendus concernent l’amélioration de la prévision et de la modélisation des risques climatiques pour les éleveurs, l’action anticipée pour soutenir les plus vulnérables dans les zones pastorales, et le renforcement de la capacité à utiliser la recherche pour une action d’adaptation équitable. Pour atteindre ces résultats, le projet développera des informations, des outils et des capacités essentiels pour rendre opérationnelles les améliorations des systèmes d’action anticipative, et pour partager les bonnes pratiques et les meilleures politiques au-delà du domaine du projet. Les principaux résultats seront les suivants :
- Amélioration de la compréhension scientifique des effets du changement climatique sur l’état des pâturages, y compris le développement et l’extension des ensembles de données sur les espèces envahissantes, l’occupation des sols, les eaux souterraines et d’autres indicateurs ;
- Deux nouvelles approches pour modéliser le système socio-écologique des moyens de subsistance des pasteurs ;
- Amélioration des prévisions de sècheresse ;
- Des conseils et des recommandations sur les actions précoces et anticipatives les plus utiles, les plus efficaces, les plus légitimes et les plus crédibles pour les éleveurs ;
- Modèle participatif à base d’agents (ABM) pour étudier comment la perception des risques climatiques affecte les actions d’anticipation et leurs impacts ;
- Publication d’articles scientifiques
- Renforcement des capacités de toutes les parties prenantes, y compris la production de matériel pédagogique
Crédit photo: Gerhard Lichtenthaler
Organisations chefs de file
Centre de l’IGAD pour les zones pastorales et le développement de l’élevage (ICPALD),
Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) - Kenya,
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